Question/Réponse

L’angoisse est d’abord un phénomène normal en tant que mécanisme de défense sain de l’organisme face aux dangers. Elle ne devient pathologique que lorsqu’elle adopte des formes dysfonctionnelles ou invalidantes.

Qu’est ce que c’est ?

L’angoisse est une expérience de mal-être caractérisée par un sentiment de crainte diffuse, sans objet précis, et accompagné d’un vécu d’oppression généralement ressentie au niveau du corps. L’angoisse n’est pas forcément un signe psychopathologique, au contraire, elle constitue souvent une manifestation émotive normale face à une situation de stress ou plus largement un phénomène existentiel normal, consécutif à un questionnement inquiet face à la condition humaine et au sens de la vie. Le phénomène de l’angoisse a été largement analysé par la philosophie ; certains auteurs (Heidegger, Kierkegaard) la présentent comme une étape indispensable pour accéder à la pleine conscience de soi et des réalités du monde.

L’angoisse devient pathologique dès lors qu’elle est invalidante et perturbe le fonctionnement habituel de la personne. Elle peut se manifester en tant qu’entité pathologique ou en tant que symptôme constitutif d’un autre trouble.

Comment se manifeste-t-elle ?

L’angoisse se manifeste à travers 4 types de symptômes :

des symptômes affectifs : sentiments d’inquiétude, de peur…

des symptômes physiologiques : difficultés respiratoires, palpitations, nausées, sudation importante…

des symptômes cognitifs : impossibilité de concentration, difficulté de compréhension…

des symptômes comportementaux : agitation ou au contraire paralysie, gestes inadéquats…

Catégories de troubles anxieux

Lorsqu’elle devient pathologique, l’angoisse peut se présenter de différentes manières.

Le trouble anxieux généralisé :

Le trouble anxieux généralisé apparaît comme un état d’anxiété permanente, sans raison précise apparente, se manifestant sur une durée minimale de 6 mois. Cette forme d’angoisse pathologique était autrefois appelée névrose d’angoisse.

Les phobies

La phobie est une peur irrationnelle, inexplicable qui se manifeste vis-à-vis d’objets spécifiques. Les exemples les plus fréquemment observés sont les peurs qui s’expriment vis-à-vis des espaces publics (agoraphobie), des lieux fermés (claustrophobie), de la confrontation à une situation publique (phobie sociale), de l’école (phobie scolaire), des araignées (arachnophobie)….

Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC)

Les troubles obsessionnels compulsifs se caractérisent par des idées obsédantes accompagnées d’anxiété ; elles donnent lieu à des gestes ou comportements répétitifs et ritualisés en vue d’apaiser l’anxiété. Ces comportements peuvent aller jusqu’à occuper un temps considérable en prenant la place des activités quotidiennes, générant par là des difficultés de maintenir une vie sociale ou professionnelle satisfaisante.

Les crises de panique

La crise de panique est un accès de peur intense survenant de manière brutale accompagné de diverses manifestations physiques (palpitations, tremblements, nausées, vertiges, sensations d’étouffement…) et de durée relativement brève.

La crise de panique peut s’observer de manière isolée sans raison précise, à la suite de l’absorption d’une substance ou encore dans le cadre d’une phobie à la vue de l’objet spécifique qui déclenche la peur.

Troubles anxieux secondaires :

Dans certains cas, une angoisse disproportionnée et envahissante peut s’observer dans certains contextes :

– Réaction aigüe au stress : elle se présente de manière analogue à l’accès de panique, comme une réaction intense et brutale à une situation de stress. La différence avec la crise de panique réside dans l’élément déclenchant.

– Stress post-traumatique : il s’agit d’un état émotionnel caractérisé par une angoisse persistante accompagnée d’autres troubles, tels des troubles du sommeil par exemple, dans les suites d’un événement traumatisant.

– Anxiété liée à d’autres troubles ou à une dépendance : des états caractérisés par une angoisse excessive peuvent représenter un symptôme particulier dans un tableau clinique plus complet soit de troubles psychiatriques (psychose, dépression), soit de troubles somatiques (cancer, troubles endocriniens, maladies cardiaques, insuffisance respiratoire), soit encore d’abus de substances (alcool, drogues).

– Troubles de l’adaptation avec manifestation anxieuses

Quelles en sont les causes ?

A l’exception des troubles anxieux survenant dans le contexte d’une situation de stress, d’une dépendance, d’un trouble mental ou d’une maladie physique, il existe rarement une cause bien identifiée pour expliquer l’apparition d’un état anxieux.

Des facteurs biologiques ou psychologiques peuvent être incriminés.

Parmi les facteurs psychologiques, plusieurs théories sont proposées : la théorie cognitive explique l’angoisse par une surestimation du danger ; la théorie comportementale évoque la réactivation de la peur suite à certains signes perçus comme des indicateurs de danger; d’autres théories proposent des explications liées à un problème survenu au cours du développement des capacités de l’enfant à réagir adéquatement à son milieu environnant

Les facteurs biologiques expliquent l’angoisse par des perturbations au niveau du fonctionnement du cerveau : déséquilibre entre les neurotransmetteurs, modifications de l’activité de certaines zones cérébrales, facteurs héréditaires….

Qui est concerné ?

Que ce soit sous leur forme isolée ou comme symptôme constitutif d’un tableau clinique plus large, les troubles anxieux comptent parmi les pathologies les plus fréquentes. Selon les études, 5 à 20% de la population pourrait être concernée. La prévalence serait un peu plus élevée chez les femmes.

L’association avec une dépression se rencontre dans une proportion importante.

Le stress est un phénomène normal car il représente une réponse de l’organisme en vue de s’adapter à une situation nouvelle ou menaçante.

Il n’est considéré comme pathologique que lorsqu’il devient disproportionné soit en intensité soit en durée et qu’il engendre des perturbations physiologiques ou psychologiques importantes.

Qu’est-ce que c’est ?

Le mot « stress » recouvre l’ensemble de réactions, physiologiques et psychologiques, qu’un organisme développe face à une situation d’agression. Par extension le terme est également utilisé pour désigner le stimulus stressant lui-même. Ainsi la phrase « je vis un stress » signifie à la fois « je me trouve face une situation angoissante ou menaçante » et « mon corps et mon esprit modifient leur comportement habituel pour réagir à cette situation ».

Au plan physiologique, le stress se manifeste par une série de réactions enclenchées par une augmentation de la production d’adrénaline par la glande surrénale : élévation de la pression artérielle, accélération des rythmes cardiaques et respiratoires, dilatation des pupilles, mise en circulation des graisses et du glucose….Cet ensemble de réactions vise à mobiliser les ressources énergétiques qui vont permettre à l’organisme de faire face à la situation.

Toutefois, lorsque le stress se prolonge, son effet bénéfique s’atténue pour acquérir une dimension de plus en plus nocive, principalement en raison de la sollicitation cardio-vasculaire intensive à laquelle s’ajoute un effet dépresseur des hormones surrénaliennes sur le fonctionnement des mécanismes immunitaires. Des pathologies peuvent apparaître : hypertension artérielle, infarctus, ulcère gastrique, douleurs chroniques… Le stress qui constitue ainsi un moyen de défense de l’organisme, aboutit, s’il devient trop intense, répétitif ou prolongé, à amoindrir les possibilités de défense du corps, à épuiser ses potentialités de ressources, voire à provoquer des maladies.

Outre les manifestations physiologiques, le stress engendre également des effets psychiques. Il déclenche la peur qui constitue en elle-même un signal pour inciter à adopter une réaction adaptée à la situation menaçante. Il stimule une attitude d’éveil en mettant l’attention et la mémoire en alerte. Les fonctions cognitives sont ainsi mises dans des conditions favorables pour analyser les informations, évaluer la situation et apporter une réponse adaptée au contexte. Comme au plan physiologique, le caractère bénéfique du stress se modifie lorsque celui-ci devient chronique ; lorsque l’état d’alerte se prolonge, il aboutit à mettre le psychisme en état d’épuisement, avec des conséquences possibles en termes de fatigue, d’anxiété chronique, de dépression, d’irritabilité, d’insomnies, de dépendances ou de troubles du comportement.

Ainsi le stress ne constitue pas forcément un problème de santé mentale. Au contraire c’est un phénomène normal et simultanément un phénomène indispensable pour assurer la survie dans un environnement hostile. Dans sa phase aigüe, il représente une réponse adaptative positive à un stimulus menaçant. Le stress ne devient pathologique que lorsqu’il prend des dimensions disproportionnées soit en intensité soit en durée et qu’il se traduit par des symptômes de perturbations physiques ou psychiques.

Qui est concerné ?

En tant que phénomène normal, le stress concerne tout le monde. Dans sa dimension pathologique il touche préférentiellement soit des personnes exposées à des facteurs stressants répétitifs soit des personnes qui présentent des facteurs de vulnérabilité accrue. Ces personnes développent alors des réactions excessives voire de véritables troubles réactionnels face à des stimuli stressants, réels ou supposés. Une telle vulnérabilité peut être liée à l’existence d’un trouble psychique. Mais elle peut aussi être liée à d’autres éléments, tels que des événements traumatiques survenus dans le passé ou qu’un contexte environnemental lourdement grevé de pressions ou de menaces (situations de catastrophes ou de guerre).

Quelles en sont les causes ou facteurs de risque ?

Tous les contextes vécus comme des pressions ou des agressions sont susceptibles d’engendrer un stress chronique : tensions familiales, difficultés économiques, précarité, perte d’emploi, insécurité, violence, maltraitance….

A l’heure actuelle, on assiste à une mise en cause grandissante des conditions de travail comme cause de stress chronique. Parmi les facteurs favorisants, on relève les exigences quantitatives (attentes de chiffres, exigences de rentabilité, horaires serrés…) ou qualitatives (attentes de haute précision ou qualité), le manque de reconnaissance ou d’autonomie, la dévalorisation, la monotonie, les tâches répétitives, le harcèlement…

Un événement traumatique majeur peut être à l’origine d’un stress post traumatique. Celui-ci se traduit par une réponse intense, prolongée, parfois différée dans le temps, dans le décours des suites du trauma (accident, agression, guerre…). Les signes typiques associent des cauchemars, des reviviscences de l’événement et des souvenirs souvent envahissants. Les reviviscences sont susceptibles de déclencher des crises d’angoisse ou de panique. On peut également observer un évitement affectif et comportemental. Par peur d’avoir peur, les personnes cherchent au maximum à éviter les contextes potentiellement stressants. Dans la plupart des cas, l’évolution est favorable.

Le deuil est un processus normal qui, après une perte ou une disparition, se caractérise par des sentiments de tristesse et de la souffrance. Dans certains cas, le deuil peut prendre un caractère pathologique, de par sa durée ou son intensité.

Qu’est-ce que le deuil ?

Le deuil est une étape qui suit la disparition d’une personne. Il se caractérise par un sentiment de tristesse et une souffrance face à la perte de l’être décédé. Le deuil se décompose généralement en plusieurs phases (selon Elisabeth Kübler-Ross).

Chaque personne passe par différentes étapes de deuil, sans forcément les éprouver dans le même ordre. La durée de chaque étape varie également selon chacun.

Phase du déni : la personne refuse de croire ce qui lui arrive

Phase de colère : la personne exprime sa révolte face à ce qui lui a été imposé : « Pourquoi moi ? ». Elle peut-être agressive face à son entourage en cherchant le responsable à son malheur.

Phase de marchandage : la situation est acceptée, mais la personne tente de gagner du temps. Elle peut ainsi prier, promettre, en échange d’une prolongation de la vie.

Phase de dépression réactionnelle : la personne se replie sur elle et n’a plus envie de lutter. Elle s’inquiète pour son entourage.

Phase d’acceptation : c’est une période de paix où la personne revit. Elle se permet de faire des projets et de regarder vers l’avenir.

Le deuil (qui est une réaction émotionnelle normale) peut, dans certains cas, devenir pathologique (on parle de « deuil complexe persistant » dans le DSM-V) en fonction de sa durée et de l’intensité de la souffrance psychologique qui en résulte. Cette souffrance vient alors perturber le fonctionnement de la personne, et peut déclencher un épisode dépressif majeur.

Comment se manifeste un deuil pathologique ?

Le « deuil complexe et persistant » se situe dans la rubrique des diagnostics nécessitant des études de confirmation du DSM-V et se décrit de la façon suivante :

L’individu a vécu la mort d’un membre proche de la famille ou d’un ami proche il y a moins de 12 mois. Dans le cas d’un enfant, le décès peut avoir eu lieu il y a au moins 6 mois.

Depuis le décès, au moins un des symptômes suivants a persisté et à un niveau clinique significatif (tristesse intense, douleur émotionnelle, préoccupations en lien avec le décès).

La perturbation cause une détresse cliniquement significative ou une détérioration dans le fonctionnement social, occupationnel, ou d’autres aspects importants du fonctionnement de l’individu.

La réaction de deuil est disproportionnée ou en désaccord avec les normes culturelles, religieuses ou l’âge du patient.

Depuis la mort, au moins 6 symptômes suivants sont vécus plus que 50% des jours à un degré cliniquement significatif :

Détresse réactive à la mort

Difficulté à accepter la mort

Se sentir choqué, abasourdi, ou émotionnellement engourdi par la perte

Difficulté de se remémorer positivement des évènements en lien avec la personne décédée

Sentiments d’amertume et de colère liés à la perte

Évaluations inadaptées sur soi-même en relation avec le défunt ou le décès (ex : auto-accusation)

Évitement excessif de rappels de la perte

Perturbation sociale/Identitaire :

Désir de mourir pour être avec la personne décédée ;

Difficulté à faire confiance à d’autres personnes depuis le décès ;

Sentiment de solitude ou de détachement d’autres personnes depuis le décès ;

Sentiment de vacuité sans le défunt, conviction qu’on ne peut pas fonctionner sans la personne décédée ;

Confusion au sujet de son rôle dans la vie ou diminution du sentiment de l’identité ;

Difficulté ou réticence à poursuivre des intérêts depuis le décès ou difficultés à planifier l’avenir.

Quelle est la fréquence du deuil pathologique ?

Les femmes sont plus touchées émotionnellement par un décès que les hommes. La prévalence du deuil sur toute la vie est en moyenne de 10,4 % (16 % pour les femmes et 3 % pour les hommes).

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Une pensée de Carl Gustav JUNG

. Je ne suis pas ce qui m’est arrivé,
je suis ce que je choisis de devenir.